Originaire du canton d'Uri, elle vit avec un handicap moteur d'origine cérébrale dans la région de Muttenz et travaille à mi-temps dans la communication
"J'ai un poste sur le marché primaire de l'emploi et j'ai fini mes études. Heureusement, mes handicaps ne sont que légers. Je boite certes un peu et je porte une attelle qui m'aide pour la marche. Ces deux particularités attirent l'attention des gens sur ma différence. Mais il y a aussi des problèmes que l'on ne voit pas vraiment de l'extérieur, tels que ma vessie et mes intestins neurogènes. Ce trouble est lié à l'IMC. Pour être honnête, ce sont ces choses qui me compliquent mon quotidien plus que le fait de ne pas pouvoir marcher vite et d'être instable sur mes jambes. Mais c'est vrai aussi que j'adore bouger. Je vais régulièrement me promener et nager aussi. J'aime de que je fais, et pour moi, ce n'est pas si grave si je ne peux pas courir très vite.
Avant de commencer à écrire pour l'Association Cerebral Suisse, je n'avais jamais eu de contact avec une organisation pour les personnes en situation de handicap. Je n'avais aucun contact non plus avec des personnes ayant des handicaps similaires ou différents. Dès le début, j'ai été habituée à vivre avec des " gens normaux ", qui peuvent marcher aussi longtemps qu'ils le veulent, qui peuvent courir, faire du vélo, du ski..., qui font une formation intéressante et atteignent leurs buts dans leur vie professionnelle et qui profitent de leur temps libre, font de la randonnée ou vont au théâtre.
Mon handicap n'a jamais été pour moi une raison de me sous-estimer par rapport à eux. Je suis un être humain exactement comme eux, avec des aptitudes et des limites, comme tout le monde. L'une a des cheveux blonds, l'autre est élagueur d'arbres professionnel, le suivant a un talent d'écrivain, l'autre a du mal à écrire deux mots et moi je boite, voilà tout. Je considère le handicap comme une forme d'expression spécifique de cette diversité naturelle. Mais ce n'est sûrement pas une raison pour garantir moins de droits et mon de participation aux personnes concernées.
Moi aussi j'ai toujours dû faire mes preuves. Devant mes parents, auprès de mes enseignants, je me suis battue comme une lionne pour pouvoir aller au lycée. J'avais les notes pour y aller mais ils ont eu peur que je n'y arrive pas : ce serait trop dur pour une petite fille comme moi, si douce, je ne saurais pas me défendre. Et finalement je suis arrivée à mes fins. Bien sûr, le chemin a été parsemé d'embûches.
A cause de mon handicap, je n'ai qu'un poste à mi-temps, car les rendez-vous médicaux et de physiothérapie occupent une bonne partie de mon temps. Et puis, oui, je suis plus lente... dans un monde où le plus rapide est le meilleur, parce qu'il produit plus et qu'il a besoin de moins de temps pour cela. Le temps c'est de l'argent. Mais je crois tout de même qu'il est important pour toutes les personnes en situation de handicap, quel qu'il soit, de se mélanger à la masse des " gens normaux ". C'est comme ça qu'elles pourront progresser et faire partie de la société. Je pense justement que c'est la clé de mon succès : j'ai toujours évolué le plus naturellement possible au milieu des gens. J'ai toujours entrepris des choses avec mes frères et sœurs et finalement aussi trouvé des amis. Avec leur aide, j'ai pu gérer le quotidien et toutes les choses que je ne pouvais pas faire à cause de mon handicap. Au bout d'un moment, les autres ne voient même plus ce handicap.
Je suis Isabel et c'est bien ainsi. Et s'il faut parfois que je leur rappelle ma différence, parce que je suis fatiguée alors qu'ils pourraient encore courir par monts et par vaux, et bien je le fais, tout simplement. On ne doit pas non plus avoir trop de scrupule.
J'ai quelque " trucs " pour m'aider dans mon quotidien :
J'aimerais que ce soit pareil pour tout le monde et qu'un jour il n'y ait plus du tout besoin d'organisations d'aide aux personnes en situation de handicap."